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Tristan Morel - Urbaniste

Fiche de synthese sur le patrimoine de Tel-Aviv

18 Juin 2009, 07:44am

Publié par Tristan


Tel-Aviv (Israël)

LA VILLE

La ville de Tel-Aviv-Jaffa est située au centre de la côte méditerranéenne d’Israël. La ville comptait environ 384 600 habitants au 31 décembre 2006. Son rôle central dans l’économie du pays a entraîné la formation de son agglomération appelée Gush Dan, qui rassemble entre 2,5 et 3 millions de résidents israéliens. Jusqu’en 1980, Tel-Aviv était la capitale de l’Etat d’Israël jusqu’au changement à Jérusalem. Cependant, la ville reste la capitale économique d’Israël.
Le développement de l’actuelle Tel-Aviv est le résultat de plusieurs développements urbains successifs, à commencer par l’ancienne Jaffa. Neve Zedek fut la première installation juive au nord de Jaffa à la fin du XIXe siècle. C’est le premier centre de Tel-Aviv. Vingt ans plus tard, Achuzat Bayit est fondé par des marchands, plus au nord. Plusieurs installations de plus en plus structurées seront créées par la suite. La Ville Blanche est issue de ce mouvement.
Le premier plan directeur pour une nouvelle implantation urbaine fut adopté en 1925, établi par Sir Patrick Geddes. La construction commença au début des années 1930, planifiée pour une zone de 667 hectares ; les concepteurs en étaient des architectes fraîchement immigrés qui avaient été formés en Europe, notamment à l’école allemande du Bauhaus

LE PATRIMOINE URBAIN

À cette époque, il s’agissait de loger au plus vite des vagues d’immigration de plus en plus importantes. Le mouvement moderne faisait appel à la simplicité et au minimalisme de matériaux comme le béton. Ce qui permit d’apporter des solutions rapides et bon marché aux logements de cette nouvelle société. La première flambée importante de construction, dans les années trente et quarante, concrétise l’adaptation des idées modernistes au contexte local, grâce à ce groupe d’architectes immigrés. Leurs activités eurent un impact direct sur les politiques de planification municipales et Tel-Aviv devint un modèle local du style moderniste.
A Tel-Aviv, près de 90 % des immeubles de la ville blanche sont des propriétés privées, le reste est municipal ou mixte. Or Les droits des propriétaires, y compris les droits d’extension, sont très forts en Israël. Par conséquent, même les constructions protégées récemment sont susceptibles d’être modifiées par des extensions ou des ajouts. La municipalité est tenue de compenser la perte de valeur de la propriété.

GESTION DU PATRIMOINE URBAIN

Les principaux acteurs
· Particuliers
· Municipalité
· UNESCO

ÉCHELLE LOCALE

En Israël, l’État est directement responsable de la préservation des sites du patrimoine antérieurs au XVIIIe siècle. Le patrimoine bâti des périodes ultérieures est donc protégé par d’autres types de mesures et d’institutions.
La municipalité est responsable de la protection des zones urbaines historiques. Le Plan de conservation, en cours d’approbation, sera un instrument juridique qui assurera la protection de la zone historique de Tel-Aviv et des bâtiments classés.
Il existe d’autres instruments juridiques : le Plan directeur de Tel-Aviv (1965), l’Ordonnance de Tel-Aviv 2659 b (2001) avec des dispositions de zonage, et une série de plans détaillés pour Tel-Aviv et Jaffa et des arrêtés de protection. Certaines zones de la ville blanche sont couvertes par les réglementations des plans d’urbanisme historiques (Geddes, 1927/1938). Le plan « Lev Hayir », approuvé dans les années 1990 autorise la surélévation des immeubles dans une zone précise de la ville blanche, à condition que l’existant soit entièrement préservé. Or les droits des propriétaires y compris les droits d’adjonction d’étage ou d’extension en toiture, sont très forts en Israël. Par conséquent, même les constructions protégées récemment sont susceptibles d’être modifiées par des extensions ou des ajouts, sauf dans le cas d’une protection stricte. La municipalité est alors tenue de compenser la perte de valeur de la propriété.
Les investissements municipaux consacrés aux projets de rénovation, sont attribués aujourd’hui à la réhabilitation des infrastructures et des voies de communication :
· aménagement de pistes cyclables (7 millions de dollars) ;
· la rénovation de l’infrastructure de la ville (25 millions de dollars) ;
· la réhabilitation prévue de la place Dizengoff (centre de la ville blanche) comprenant l’établissement du projet et les travaux de conservation (27,5 millions de dollars).

La Mairie consacre presque autant de fonds pour la réhabilitation de la place Dizengoff que pour rénover les infrastructures. C’est le signe que les politiques urbaines prennent en compte l’enjeu patrimonial. Mais c’est aussi la preuve que les ressources municipales ne suffisent pas à elles seules pour financer des opérations de préservation de toutes les zones classées par l’UNESCO dans la ville. Les financements internationaux manquent, la municipalité doit se tourner vers les propriétaires, ou d’autres investisseurs.
La majorité des propriétaires d’immeubles de style Bauhaus ne participeraient pas au processus de conservation sans mesure incitative. Or la seule mesure qui paraisse réellement incitative est d’autoriser les ajouts en toiture. Ces ajouts sont maintenant réglementés. Les propriétaires ont déjà réalisé la restauration de 50 immeubles en 2001-2002 (12,5 millions de dollars, dont 15 % d’aide municipale).
La source principale d’investissements dirigés vers la protection du patrimoine urbain de Tel-Aviv est donc privée. La municipalité subventionne pour ceux qui agissent, des prêts à 4 ans au maximum. Des réductions d’impôts sont aussi prévues. Aujourd’hui, le nombre d’immeubles rénovés est porté à 400. Et même si tous les propriétaires n’arrivent pas encore à financer une rénovation ou une rénovation fine, sur le terrain on constate que l’état du patrimoine urbain s’améliore dans certaines zones.
La création d’un fonds de préservation de la ville est toujours envisagée. Mais en contrôlant les ajouts en toiture permis, « légalisés », (intervention d'un architecte au lieu d'ajouts sauvages) contre rénovation du bâti par le propriétaire, la Mairie gagne plusieurs années d’avance sur les politiques menées précédemment.

ÉCHELLE NATIONALE

La gestion est prévue dans les plans d’urbanisme territoriaux, notamment le Plan directeur national TAMA 35 qui comporte une partie intitulée « Plan de conservation urbaine du centre de Tel-Aviv - Jaffa » (1991-1997).Et le Plan directeur régional TMM 5, principal instrument juridique pour la protection de la zone urbaine de Tel-Aviv.
Aucune entité gouvernementale n’est directement impliquée dans la politique du patrimoine à Tel-Aviv.

ÉCHELLE INTERNATIONALE

En juillet 2003, Tel-Aviv a été élue unanimement par l'UNESCO comme monument historique mondial, revendiquant le plus grand nombre de bâtiments Bauhaus dans le monde (2500).

EXEMPLE D'OPÉRATION

Actuellement, un plan global pour l’agglomération de Tel-Aviv Jaffa est en cours d’adoption, nommé « Plan Stratégique pour Tel-Aviv Jaffa ». Ce plan rassemble les documents produits depuis 5 ans concernant les projets, les études et les constats faits sur la ville. Il est significatif du travail de réflexion que les équipes municipales et associatives ont lancé, concernant l’attractivité de la ville.

Tristan Morel, septembre 2007              



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